▬ (Emrys) And I put my middle finger up

— identité et caractère —

tw ; maltraitance infantile ; auto-destruction ; anxiété ; peur de l'abandon ; dans la chronologie mention de fausse-couche

informations identité — Emrys, un prénom qui glisse entre les lèvres, pareil à un zéphyr allégeant les soirées d’été et les esprits échauffés. Lockhart, patronyme connu et reconnu depuis trois siècles dans la région, qui lui sert de passe-droit quel que soit le lieu où il souhaite se rendre. L’ensemble est similaire à un joli bijou, qui fait naitre chez certain·es jalousie et chez d’autres, fierté.

naissance — 44 ans, les rides qui viennent habiller deux prunelles azures bien connues des membres de la Communauté. Déjà enfant, on félicitait ses parents d’avoir engendré un enfant au regard autant perçant que doux, brillant d’une intelligence redoutable qui sera mise au service d’Amjhir dès les premiers mots babillés. Fierté familiale à sa naissance, devenu honte dissimulée plus tard puis à nouveau, prodige du Clan qui ne cesse de dépasser leurs attentes inatteignables.

origines — Écossais aussi proche de ses racines qu’il l’est de ses livres. Il aime comprendre l’Histoire de ses ancêtres, assimiler ce qu’iels y ont vécu, chercher des trésors que peu estiment. Car si Emrys apprécie la découverte, c’est surtout d’en acquérir les récits qui l’exultent.

coventus — Amjhir, dont le choix n’en a jamais été vraiment un et qui a failli être abandonné à l’adolescence pour la divinité haïe, Dohva. Une honte familiale, dissimulée depuis toujours par un père dont la violence n’était visible que lorsque les yeux du jeune Lockhart restaient baissés.

occupation — Gourra qui a finalement trouvé un soupçon de plaisir à s’éloigner de la chaleur de son foyer. Alors que certain·es racontent que c’est le voyage qui compte et non la destination, Emrys pense plutôt l’opposé. Traverser des pays, voire des continents, ne l’a jamais passionné. Les longs trajets en voiture lui donne mal au coeur et il prie Amjhir à chaque voyage en avion pour qu’un orage éclate et qu’il y trouve du réconfort au lieu de se murer dans un silence angoissé (les éclairs, oui, les trous d’air, non). Mais arriver quelque part pour venir collecter un nouvel objet, charmer ses propriétaires d’un phrasé enjôleur contrôlé et d’un accent admirable, tenir en ses mains un livre ancien ou un objet aux quelconques facultés, ça, c’est ce qui le passionne. Emrys n’est pas un aventurier mais un collectionneur.

statut civil — Marié depuis 19 ans, entente cordiale devenue tendresse sincère au fil des années. S’il avait eu son mot à dire, Zohra n’aurait pas été celle qu’il aurait choisi. Son indépendance l’agaçait plus jeune, lui rappelant à chaque oeillade et chaque discussion que lui, avait des fers aux poignets. Mais si aujourd’hui il avait le choix, Zohra resterait celle à qui il offrirait l’anneau sacré. Si l’Amour ne les a jamais piqué de sa flèche, leur amitié et leur affection n’ont fait que nourrir le charisme qu’iels transmettent à chacune de leur apparition. Leur couple intrigue, questionne, devient la source de rumeurs qui amusent Emrys mais ne le blessent jamais. Qu’on parle d’elleux tant que personne ne vient fouiller leur lit conjugal, dont les draps froids viendraient échauffer la colère des leurs. Tant que son épouse est heureuse et trouve ce qu'il ne peut lui offrir ailleurs, sans pour autant briser ce qu'iels ont construit, Emrys ne dira rien. Emrys n'aura pas peur.

Père adoptif, rôle inattendu qui le faisait rechigner encore plus de partir aux quatre coins du globe. Petite Vivian aux cheveux sombres qu’il aimait coiffer de longues heures, apprenant à démêler sans tirer, tresser sans se tromper. Devenue adulte sans que le Gourra ne s'en rende compte, l'espoir de la voir à jamais à leur côté, brisé à sa fuite. L'angoisse qui remonte, étouffe sa patience légendaire, assombrit ses émotions jusqu'à là si douces. La colère contre lui-même, toujours, de ne pas avoir fait assez.

orientation sexuelle — Aromantique asexuel, le désir de tout sauf des corps, amoureux d’un rien sauf de l’amour romantique. Pourtant, il aime Emrys, fort, loin mais  jamais comme l’entend la société et encore moins comme l’attend sa famille. Secret bien gardé, plus par discrétion que par honte, il ose parfois disséminer quelques indices dans des discussions privées où il se sait écouté et respecté au-delà de ce qu’il représente aux yeux de la Communauté.

familier — Jaal, faucon gerfaut femelle dont la vitesse du vol n’est comparable qu’a l’esprit affuté du Gourra. Aussi casanier·es l’un·e et l’autre, préférant le silence aux conversations assourdissantes, leur vivacité commune surprend toujours quand iels se lèvent dans un même mouvement, épris d’une idée à mettre en oeuvre immédiatement. Si l’un hausse un sourcil face au manque de justesse d’une discussion, l’autre fusille d’un regard doré.

magie — Fulgurokinesiste, aux doigts d’argent et regard magnétique. Les filaments électriques couraient contre son derme, caressant ses membres dans une entente quasi parfaite. Ancien temps 5 qui ne demandait qu'à être maitrisé, le temps 4 est revenu au galop au détour d’un regard statique et d’une angoisse qu’il pensait disparue depuis de longues années. Pas assez, plus assez. Les murs de son esprit qui se retournent contre lui, ne laissent plus rien passer.

Un secret qu’il tente de dissimuler de son mieux, usant de ses charmes et sourires, de ce regard céruléen qui fait dire oui alors qu’on hésitait à dire non. Tragédie qui brise sa vivacité et le touche au plus profond de son être, là où il chérie son seul véritable trésor : l’esprit. Les coins de tables deviennent indolores, la fatigue invisible et petit à petit, sa tête oublie de ressentir ce que son corps marque profondément. Si son amour des espaces calmes et son talent pour diriger les conversations lui permettent de ne pas être démasqué, Emrys sait qu’il ne faudrait qu’un détail pour que le charme s’effrite et révèle la vérité. Mais si la crainte d'être repoussé est vive, celle de ne plus avoir accès à ses dons se fait discrète. Sa foi n'a jamais été liée à sa magie, et si pour beaucoup, l'un et l'autre vont de paire, Emrys espère seulement garder son esprit intacte. Le reste, que les Tragédies l'emportent si cela lui permet d'être uniquement lui. De faire tomber le mur une bonne fois pour toute et le laisser exister.

caractère La passion de  l’apprentissage, si le nez n’est pas dans les livres, l’esprit est entrain de tester ses dernières découvertes. Orateur de talent, dont le choix aiguisé des mots fait toujours ouvrir de grands yeux à ses interlocuteurices. Le dictionnaire en livre de chevet, un carnet toujours dans sa poche, l'oeil brillant à peine une première page tournée. Curiosité pourrait être son second prénom si son paternel n'avait pas eu l'audace de lui donner le sien. Marqué par deux fois par le fer rouge d'une famille qui n'en a que le nom.

Casanier dont les soirées, quelles soient fraiches, humides ou chaudes, sont toujours prétextes à rester sous un plaid, une tasse à la main et un livre dans l’autre. Seule la curiosité (et l’exaltation des découvertes) lui font quitter les murs de sa précieuse Réserve.

La sincérité qui vibre dans chacun de ses mouvements, parfois silencieuse, souvent visible au détour d'un froncement de sourcil ou d'un sourire jovial. Jugeant qu'il est préférable de savoir que de rester dans le déni, certaines de ses interventions amusent, plaisent ou choquent par leur authenticité. Il n'y a bien qu'à ses parents qu'il n'ose pas dire les 4 vérités.

Rebelle d’une façon peu orthodoxe, après des tentatives infructueuses de transformer le nom Lockhart en sifflement honteux, il n’a de cesse de repousser les frontières de la réussite paternelle, pour montrer que lui, sera toujours mieux. Toujours plus. Jamais oublié. Jamais dépassé. Le majeur dressé face à un père qu’on relègue en second, maintenant que le fils excelle là où lui n’était que passable.

Estime que les études et l’apprentissage au delà de la magie sont les seules façons pour gagner en indépendance et puissance. Jugé trop dur par certain·es, son approbation est difficile à obtenir sauf si vous avez la frimousse d’une jeune femme brune suivie d’un lapin bélier. Classiste sur les bords qui ne s'offusque jamais quand on le lui fait remarquer. Incapable de feindre l’intérêt, Jaal qui juge aussi sur son épaule lorsque la conversation s’amenuise.

Tendre dans l’intimité, les gestes sont précautionneux avec celleux qui comptent, le regard qui caresse alors que les mains restent à distance, les cadeaux choisis avec précision, sans carte pour accompagner. Comme si les remerciements n’étaient jamais attendus et que la normalité était faite de présents quotidiens, sans rien rechercher d’autre en retour.

L’angoisse bourdonnant dans sa carcasse depuis tout petit, enchevêtré dans les courants électriques au point qu’il ne reconnait plus l’un de l’autre. Perfectionniste à l’extrême, la colère le ronge quand il ne réussit pas là où tout ne devrait qu'être excellence. Toujours peur de ne pas être assez, bien loin de la force tranquille et de l’image vaniteuse qu’on peut parfois avoir de lui ou des sien·nes. La peur de l’abandon dissimulée au plus profond de son être, se matérialisant aujourd'hui sous les traits de sa femme qu’il aimerait pourtant voir heureuse, sans qu'elle ait à le quitter.

Paradoxe vivant, aussi calme qu’électrique, difficile à contenter mais facilement passionné, secret qu'on pense connaitre, un sourire enjôleur qui n’est jamais synonyme de tromperie. Maitre de sa vie mais jamais de son destin, aussi indépendant que l’est un chien de pedigree dont le collier a seulement été distendue par les tentatives juvéniles de s’enfuir loin. L'abandon et l'imperfection qui compriment ses poumons alors que partir et arrêter de chercher davantage le libérerait enfin.

— idéologie et rumeurs —

idéologie Conservateur officiel, droit dans ses bottes et le poing fermement clos. Curiosité mêlée à l'amour de l'apprentissage, qu'il soit magique ou humain. Ses voyages l'ont amené là où il n'aurait jamais posé les pieds, à écouter et rencontrer celleux qu'il devrait regarder avec dédain. L'être humain dénué de magie n'aurait jamais dû piquer son intérêt mais quelque chose dans l'existence de personnes qui ont croisé son chemin lui font voir d'autres possibilités. Et si... Et si les Tragédies n'étaient qu'un rappel de leur propre humanité ? Évolutionniste en devenir.

rumeurs "Apparement, il s'est lié d'amitié avec des humains de Cardiff et il y a même acheté un appartement dans le centre." ; "Il aurait des aventures à chaque voyage... Je serais sa femme, j'irais voir ailleurs."  ; "J'ai déjà vu son faucon me regarder comme si j'étais le dernier des crétins." ; "Mallory l'aurait vu dans les toilettes de Palatium péter un cable. Pourquoi ? Contre qui plutôt !" ; "Il est chiant."   " Tu l'as vu discuter avec le Vautour de Dohva ? Tss, toujours fourré ailleurs."(uc)

— chronologie et anecdotes —

chronologie

tw : mention de fausse couche

Aout 1978 ± naissance — L’orage annonce sa naissance au plus grand plaisir de la famille Lockhart. Attentif au moindre mouvement, le patriarche a les yeux fixés sur son épouse, leurs doigts enchevêtrés pour se donner de la force. Quand les contractions commencent à se faire plus proches, mais que l’enfant ne daigne pointer le bout de son nez, iels commencent à se dire que ce serait encore comme les deux derniers. Qu’il n’y aurait ni cri, ni espoir, ni descendance. Mais l’enfant nait, le corps immobile et sans aucun bruit jusqu’à ce que la sage-femme accompagne d’une main légère, le mouvement de ses poumons. Emrys a déjà tout d’un survivant, né dans une famille aisée, conquérante et pleine de grands espoirs qu’il incarne déjà, avec ses quelques minutes d’existence.

Mars 1985 ± 7 ans, la marraine — “Il a le droit d’aller jouer.” “Pas avant d’avoir terminé ses textes.” Raphäelle et le patriarche, leur ton calme supplantant leurs regards furibonds, sont dans un coin du salon. C’est toujours la même ritournelle, le même triangle haineux. Emrys qui gigote, les mains curieuses et la tête relevée au lieu de lire. Raphaëlle, la soeur de son père, marraine et tante qui avait décidé de rester pour l’enfant malgré leur Coventus opposés. Le patriarche, l’oeil aiguisé et la langue piquante qui structure les journées du petit comme on fomente un plan de bataille. Il ne manque que la matriarche.  “Ça fait 6h qu’il est dessus ! Tu veux qu’il perde les pédales à force d’être sur le même exercice ? Il a 7 ans ! Ce n’est pas un gourra envoyé à l’autre bout du monde pour combler vos envies d’ouvrages !” ”
L’enfant les entend, habitué. Il doit retenir chaque mot pour savoir exactement comment en parler et convaincre son père de lui laisser l’objet qu’il venait, supposément, récolter. Cela aurait pu être un jeu de rôle amusant si le patriarche Lockhart ne l’obligeait pas à recommencer, encore et encore, moquerie après moquerie, face à son incapacité à le persuader de lui laisser le-dit objet.   “À ton âge, il ne me fallait pas longtemps pour convaincre mon père.” Emrys, lui, préfère regarder le ciel, qui a la même couleur que ses yeux à lui, et ceux de Raphaëlle.

Avril 1986 ± 8 ans, l'abandon — Raphaëlle est partie au petit matin, sans même une dernière histoire ou un baiser d’au revoir. Emrys l’a vu par sa fenêtre, disparaitre dans un taxi sombre alors que la maison était encore silencieuse. Elle ne s’est même pas retournée. L’enfant n’a jamais su pourquoi sa marraine avait préféré l’abandonner plutôt que de continuer à s’opposer à l’éducation donnée par son père. Ne méritait-il pas qu’on se batte pour lui ? Qu’on espère une vie plus simple et moins conflictuelle ? Peut-être doit-il apprendre davantage, être plus efficace, faire ce qu'on lui dit pour que leurs voix se calment et que sa marraine revienne ? Mieux convaincre, utiliser davantage son temps un ? Il fera tout ça. Alors l'enfant se replonge dans ses livres avec un dévouement qu'on lui connait guère.

Septembre 1993 ± 15 ans, la rébellion — L’entrée à l’Institut se fait dans la honte et le silence. Quelques jours avant la Cérémonie, Emrys, 15 ans et le torse bombé, se plante dans le salon familial et exprime son désir de se lier au Coventus de Dohva. Comme Raphaëlle. Le patriarche a un demi-sourire, la matriarche arque un sourcil. On ne le croit pas, encore une façon de se faire remarquer, lui l’adolescent qui ne cesse de se montrer indocile, incapable d’apprendre ce qu’on lui répète. Mais quand les prières s’échappent à la perfection des lèvres d’Emrys, fortes et assurées, on ouvre grand les yeux et la chaleur de l’été indien laisse place à un orage tonitruant. Mais il continue, l’adolescent aux mots acérés, à psalmodier, le regard vif, braqué dans ceux de ses parents. “Ta marraine est morte, ça ne sert à rien d’essayer de la copier. Et puis, si elle avait vraiment tenu à toi, ne t’aurait-elle pas emmené quand elle est partie ?” Raphaëlle est morte. Il ne le savait pas. Le reste de leur verbe électrique viendra court-circuiter ses désirs de rébellion, la violence des mots laissant dans son esprit une trainée de honte et de mépris. S'il ne peut atteindre ce qu'il souhaite, il prendra ce qu'on lui donne. En silence, dans la perfection et la réussite, pour qu'au-delà de son nom, on se rappelle de lui.

Septembre 1993 à 98 ± 15 à 20 ans, les études — L'enfant calme a bien grandi, l'adolescent rebelle a laissé place à un  étudiant accompli. Formation prise à bras le corps, les doigts qui effleurent l'électricité et y prennent du plaisir. Les yeux bleus et la verbe précise, eux, commencent à percer quelques carapaces. Et pourtant, des efforts, Emrys a du en fournir pour à la fois devenir bon élève et rester dans la mémoire de celleux qui croisent son chemin. D'ami·es aux professeureuses en passant par des connaissances lointaines de sa famille, l'énergie que lui demande sociabilisation, apprentissage tout en restant dans les bonnes grâces du patriarche n’est, elle, pas innée. Elixir de Rest’debout pris en continu, concentration à son paroxysme malgré les effets secondaires qui viendront sceller ses insomnies déjà courantes.
L’anxiété bat son plein quand la 4e année devient plus chaotique que prévue, creusant un trou béant entre l’image de réussite et de fierté renvoyée et ce qu’il perçoit de lui-même. Jamais assez bien, jamais assez intéressant, jamais assez apprécié, jamais assez tout simplement. Il n’en montrera rien, mais à l’intérieur de sa tête, des murs s’érigeront pour que jamais on ne perçoive celui qu’il est véritablement.
Diplôme en poche, la fierté parentale à peine visible, lui qui aurait pu être tout en haut du tableau, ne finit que dans les dix premiers de sa promotion. Excellent résultat mais pas assez. Pourtant, les Lockhart sourient, heureux de se voir congratuler par leurs homonymes. "Il fera un sacré fulgurokinésiste, je l'ai entendu à son oral et... qu'est ce que ce sera au troisième temps ! Tant pis pour sa santé mentale tant que leur nom continuera de briller dans le Coventus d'Amjhir et la Communauté.

Juin 1998 ± 20 ans, le familier — Aller-retour sur l’Ile de Skye, pour la cérémonie du lien. L’Elixir du Coventus de Xintris pris à Kilt Rock, alors que la tempête rugit. Sous les regards inquisiteurs de sa famille, Emrys attend de longues heures, frigorifié mais immobile, alors qu’Ajmhir brille enfin dans le ciel. Les chants suivent, accompagnant le sien assuré et fier. Plus jamais de mots secrets pour Raphaëlle. Jaal qui est apparue, vive comme un éclair, inattendue et prophétique faucon fergaut qui s’est posé sur son épaule et y a scellé ses serres pour le reste de leur existence commune. Protectrice de son esprit, veillant sur les murs épais qui continuent de s'ériger depuis son adolescence.

Octobre 2002 ± 24 ans, la complice — L’union se déroule sans qu’on demande sincèrement l’avis des deux concerné·es. Première fois que les Lockhart se lient avec un autre Coventus et Emrys sent sur ses épaules une nouvelle mission non souhaitée. Zohra Djebbari n’est pas une inconnue, du moins, à ses yeux. Il se souvient encore de son rire enthousiaste, toujours accompagnée de deux acolytes. Une autre forme de triangle, loin de ceux connus. Une jeune femme vigoureuse, qui lui semblait aussi libre que lui était retenu par des fers. Pourtant, quand il l’a rencontré officiellement une 1ere fois avant leur mariage, Emrys a su qu’aucun·e n’était réellement libre. Que de leur prison, iels allaient devoir se créer leur propre existence, sans pouvoir en briser les barreaux. Dans sa robe de mariée, Zohra était belle. Belle et puissante, puissante et indépendante. Emrys comprit finalement qu’il était chanceux.

Février 2004 ± 25 ans, les prémices — Début de sa formation de Gourra, retour d’un quotidien qu’il espérait derrière lui. Le patriarche aux aboies, qui le prend sous ses serres pour que le rôle ne revienne à personne d’autres. Emrys rêvait de devenir Geai ou même l’un·e des Quertzal. Mais Gourra se sera, lui qui déteste les longs voyages et les chemins caillouteux. Mais s’il a pu sortir de l’Institut avec les honneurs et les regards (presque) satisfaits de sa famille, Gourra ne sera qu’une nouvelle étape dans sa quête, entre besoin de fierté et désir de parricide.

Février 2008 ± 29 ans, l'enfant — Vivian a les cheveux d’un noir d’encre et des joues rosies par les vents d’hiver. Jamais Emrys ne s’est imaginé père, même lorsque Zohra et lui tentaient de donner à leurs familles ce qu’elles leur réclamaient. Jamais il n’a senti de manque ou de douleur, de ne pas voir le ventre de son épouse s’arrondir. Il imaginait davantage les conséquences sur sa santé et son indépendance à elle, que sur le bonheur de devenir parents. Mais Vivian est arrivée, d’un autre ventre, d’une autre mère. Décédée trop rapidement, amie de Zohra qu’il ne connaissait guère et pourtant…. Pourtant, Vivian est devenue l’évidence. Avec elle, les murs commencent à s’effriter pour qu’à trois, iels portent enfin le doux nom de famille aimée.

Février 2012 ± 33 ans, le destin —  Il ne voulait pas devenir Gourra et pourtant, sa formation lui a plu au point où il acceptait même d’accompagner son paternel sur certaines recherches. L’odeur des cabines de train et sa peur en avion étaient rapidement récompensées par des découvertes d’ouvrages qu'il n’aurait pu imaginer toucher en premier. L’oeil aguerri, la langue vive, petit à petit, les discussions tournent plus autour de lui que du patriarche Lockhart.
Le remplacement aurait du venir bien plus tard si un éboulement dans une grotte près du fleuve Volga n’avait pas écrasé les jambes de son père. Pendant quelques minutes, oui, il a hésité à l’abandonner. Mais si Emrys était beaucoup de choses, il n’était pas une copie de son paternel. Lui n’abandonnait pas les plus faibles. Il se montrait juste meilleur. Devenu Gourra (à la place du gourra) du Conventus, poste qu’il occupera jusqu’à ce qu’on ose l'en déloger.

Février 2018 ± 40 ans, le questionnement — Ses voyages sont réguliers, l’épuisent parfois, l’emmerdent souvent mais à chaque fois, le final le comble d’une joie sans pareille. Ouvrages ramenés, informations grappillées, après 7 ans de carrière, sa curiosité reste toujours intacte. Au point de la pousser encore plus loin, au-delà de la magie et de sa mission principale. Villes humaines qu’il découvre au fil de ses voyages, apprécie leur simplicité, déteste les bars qui sentent la cigarette, prend plaisir à nouer de légères amitiés, s’amourache des livres de science-fiction et de pseudo-sorcellerie. Le sourire amusé, de voir qu’on écrit sur elleux sans pourtant rien connaitre de leur existence. Lui qui a toujours su que le secret devait être gardé, commence à se demander si les humain·es ne sont pas prêt·es à les voir réellement exister.

2 ans plus tard, les voyages se feront d’un coup plus nombreux, sa façon de gérer le départ précipité de Vivian. Fuite en avant pour mieux comprendre encore les humains, savoir comment elleux, gèrent la fuite de leurs enfants alors que tout semblait aller pour le mieux. Mur dans sa tête qu'il re-créé complètement, regard dur et sourire absent. Puis revenir, se montrer présent pour Zohra, essayer tant bien que mal de lui offrir tout ce dont elle a besoin pour qu’à deux, iels reprennent leur histoire. Une porte ouverte seulement pour elle, car si Vivian était l'évidence, Zohra est et restera à jamais sa seule confidente.

Avril 2022 ± 44 ans, la tragédie —  Le doigt retourné est regardé avec incrédulité. Il ne sent rien, pas même un picotement et seul Amjhir sait depuis quand son auriculaire est dans cette drôle de position. La chute d’il y a une heure dans le Soukh de Tanger ? Ou quand sa main s’est retrouvé écrasée entre deux portes ? Il ne sait pas. Mais quand il l’attrape pour repositionner l’os, la douleur, elle, est cuisante et lui arrache quelques larmes. Les ressentis qui reviennent avant de disparaitre à nouveau, cette fois-ci, pour ses orteils, écrasé sous une jeep quelques semaines plus tard. Rien. Sauf le pied bleuit et l’inquiétude qui lui fronce les sourcils. Il ne faudra pas longtemps pour que la 1ere crise arrive, le corps immobile, le regard aussi statique que lors d’une de ses crises de panique. Mais cette fois-ci, pas de patriarche pour lui rappeler contre il se battra toujours, ni de Vivian qui disparait du jour au lendemain, ni de Zohra qu’il ne mérite pas. Non, rien pour faire tambouriner son coeur et transpirer son front. Rien que l’immobilité et la peau chargée d'une électricité statique qu’il ne maitrise pas. Et si les murs de son esprit s'étaient finalement retournés contre lui ?

anecdotes Il a une aversion pour les tomates, crues ou cuites. Si vous voulez le faire sortir de chez vous, proposez lui un plat de pâtes bolognaises et il déguerpira plus vite qu’un·e Luthsar en quête d’un nouveau verre (ça clash). ✦ Il adore faire le ménage, chez lui ou dans la Réserve. Pas un grain de poussière ne lui échappe ! ✦  S’il collectionne les livres aussi pour son plaisir personnel, il n’y a rien qui le rende plus heureux que de les partager avec autrui. Que ce soit son propre Coventus ou un autre, la joie éclate son introversion quand il question de littérature. ✦ Sur son temps libre, il donne des cours de lecture aux enfants de la Communauté. ✦ Il a blessé un étudiant lors de sa 4e année à l’Institut, cause d’un manque de sommeil accru, d’une prise excessive de Rest’debout et d’un deuxième temps en cours de maitrise. Son dossier plus qu’excellent et les arguments, enjôleurs, de ses parents ont évité son renvoi. ✦ Il a toujours un objet en main pour stimmer et se calmer, une préférence pour les textures douces qu’il caresse du bout des doigts, dans une poche, sans que personne ne le remarque. ✦ Le café est sa boisson préférée. À chaque voyage, il ramène toujours un nouveau paquet, souvent acheté chez un·e artisan·ne du coin. Son anxiété ne le remercie pas. ✦ Sa passion pendant les mondanités ? Utiliser un vocabulaire le plus recherché possible pour perdre les interlocuteurices avec qui il ne veut pas discuter. Ça sert la réputation de son Coventus, son orgueil et éloigne celleux qui ne méritent pas son temps compté. ✦ Dans la même veine, il invente de nombreuses insultes qui passeraient presque pour des compliments quand elles sont dites avec le sourire. ✦ Il déteste l’odeur de la cigarette (en particulier quand elle impregne ses ouvrages), ce qui est bien l’un des rares motifs de prise de bec entre Zohra et lui (il a même tenté de lui offrir une cigarette électronique). ✦ Le genre de gars a sortir le dico' pendant une partie de Scrabble pour vérifier. Ne lui proposez jamais de jouer, il est insupportable (et très mauvais perdant).